Petites définitions pour bien comprendre ce qui suit:
Bon cinéma: pour moi, un bon film, que ce soit un film d'auteur ou un blockbuster, est un film devant lequel on ne s'ennuie pas, avec une histoire (si possible originale) qui se tient. Qui n'utilise donc pas de raccourci scénaristique.
Raccourci scénaristique: comment justifier que l'action A mène à l'action B de manière totalement incohérente en prenant le spectateur pour un idiot (pour rester poli) Exemple le plus connu: quand un serial-killer est dans une maison hantée, et que les héros décident de se séparer en 5 groupes de un, en avançant chacun dans des pièces sans lumière. Personne ne ferait ça, mais pour le bien de l'histoire, les personnages font ces choix extrêmement douteux.
Blockbuster: film à gros budget, bourré d'actions et d'effets spéciaux, avec pour but principal le pur divertissement. Et de plus en plus gros adepte du raccourci scénaristique.
Sans refaire toute l'année cinéma, je vais m'arrêter sur quelques (mauvais) films qui m'auront marqué, et qui surtout auront été des succès, pour certains critiques, pour d'autres commerciaux, et parfois les deux.
Commençons avec "MAD MAX FURY ROAD": Accueilli et présenté par la presse comme étant un chef d'oeuvre, ce nouveau volet des aventures de "Mad Max" (35 ans après l'original) nous montre qu'il est important de se faire soi-même une opinion, mais aussi que la plupart des critiques ne connaissent pas la définition du mot chef d'oeuvre. Si la mise en scène des courses-poursuites, et l'image proposée relèvent du chef d'oeuvre, pour le reste, c'est le néant. Pour résumer le sujet du film: des bandes rivales se font la guerre pour des ressources (eau, pétrole) qui se font rare. C'est ainsi que tout le long du film, un mec use du pétrole pour faire des flammes avec sa guitare ou que les héroïnes qui s'échappent utilisent le peu d'eau qu'elles ont pour prendre une douche... Logique. Arrive une scène où Max a besoin d'armes, il part donc arrêter un tank tout seul en pleine nuit, et revient l'air de rien, en ayant réussi sa mission. Comment a-t-il fait? Nous ne le saurons jamais, car tout se passe en hors-champ! Le plus gros foutage de gueule est pourtant à venir: si pendant une heure, Max, Furiosa, et les autres font tout pour échapper au grand méchant, et à son domicile (ou prison) de grand méchant, à partir du moment où ils sont enfin sains et saufs, Max convainc tout le monde que la prison, c'était pas si mal en fait. WHAT ZE F...!!!! Et donc, rebelote, une heure de courses-poursuites dans l'autre sens. Un scénario qui tient sur une feuille A4 (grand max...). Tout dans l'action, rien dans la réflexion.
Poursuivons avec "JURASSIC WORLD". Si le film a moyennement été accueilli par la critique (comme quoi, tout n'est pas perdu), il s'agit d'un énorme succès commercial. On parle là d'un film qui dès la bande-annonce nous envoyait du lourd. Un parc enfin ouvert, un dinosaure génétiquement modifié (comme dans les films genre "Sharktopuss" où un savant fou décide de croiser un requin avec une pieuvre géante, le genre de film qui ne sort jamais sur nos écrans). Jusque là, en terme d'histoire, c'est du réchauffé de "Jurassic Park". Mais la bande-annonce, le synopsis aussi d'ailleurs, ne s'arrête pas là, puisque le héros chargé d'arrêter le monstre hybride est un dresseur de vélociraptors.......Avant même de voir le film, on nous prend déjà pour des idiots. Une des scènes les plus importantes du film est bien sûr le moment où l'Indominus Rex s'échappe. Rappel des faits: notre héros, expérimenté et qui connaît les dinos, vient inspecter l'enclos du I-Rex, enclos sur lequel travaillent une quinzaine d'ouvriers afin de le renforcer. Notre héros et sa belle, ainsi que figurant 1 cherchent l'I-Rex à travers la vitre, et se rendent compte que des marques de griffes ont été faites sur un mur juste à côté. La question qu'ils se posent tous n'est pas "l'I-Rex s'est-il fait les ongles?" mais "a t'il escaladé le mur?". Le figurant 1 chargé de la surveillance n'a rien vu, les ouvriers non plus, et personne n'a vu une bêbête carnivore de 15m de haut se promener dans la nature, mais non la bestiole a quand même dû s'échapper. Pour vérifier, notre héros entre les mains dans les poches dans l'enclos, et seulement une fois dedans, décident de tracer notre dino qui a été pucé... Dans le même genre, on a aussi les deux gamins super-cons qui décident de faire du hors-piste en franchissant une porte qui a été défoncée et alors que tout le monde leur dit de rentrer. Ces mêmes gamins se trouvent ensuite face à une voiture en panne et hop, réplique magique "tu te souviens quand on a aidé papy a retapé son 4x4" et bien sûr, les gamins crétins deviennent des cracks en mécanique. Sautons à la grande scène finale, où l'héroïne en talons court aussi vite que le T-Rex (chronométré à 40km/h, plus rapide qu'Usain Bolt) et où T-Rex et vélociraptors font ami-ami pour venir à bout de l'I-Rex........ Je sais qu'il s'agit d'un film, que les dinosaures n'existent pas, mais niveau crédibilité, avouez que c'est zéro! Raccourcis scénaristiques pour justifier de l'action: il faut que le dino s'échappe, il faut que les gamins soit en danger, il faut un super combat de dinos.
Novembre. Grosse attente autour de "SPECTRE" dernier James Bond en date après le très bon "Skyfall" (de l'avis général, pas le mien). Sans rentrer dans les détails, et juste pour l'anecdote: si le gros méchant est méchant avec James Bond, c'est parce que son papa jouait plus avec James qu'avec lui quand ils étaient petits. Où comment changer une tension dramatique en situation comique.
Le meilleur pour la fin. "STAR WARS EPISODE VII", l'événement de l'année, attendu de tous. Disney a su faire monter la sauce comme il fallait: bandes-annonces lâchées au compte-goutte, promesse d'un retour aux sources (à la fois visuel, après le CGI hideux de la prélogie, et pour satisfaire les fans avec les acteurs originaux)... Au final, cet événement a été un non-événement, Disney ne prenant aucun risque et voulant satisfaire tout le monde, fans de toujours, fans à venir, enfants. Un scénario dénué de toute originalité et qui n'est qu'un pâle copié-collé de l'épisode IV sorti en 77. Déjà dans le texte déroulant, on apprend que le Premier Ordre a pris le pouvoir et que la Résistance résiste. Les gentils avaient pas gagné y'a 30 ans? A l'époque, c'était pas déjà l'Empire qui foutait la m...? Les ressemblances ne s'arrêtent pas là... Voici l'histoire de
Chaque génération à son histoire? Vraiment?
"Jurassic World" et "Star Wars 7" sont deux des cinq plus gros succès de tous les temps sans avoir une once d'originalité, sans avoir pris le moindre risque et en nous prenant clairement pour des buses. Why? Mais WHYYYY???
Le problème de ces films est double. D'un côté, les producteurs n'aiment pas prendre de risques et nous proposent de plus en plus de films ciblés, cadrés, au cahier des charges bien précis. Les scénaristes ne peuvent plus faire appel à leur imagination, et les réalisateurs ne viennent plus avec leur vision propre, ils sont tout de suite recadrés.
L'autre côté du problème, ce sont les spectateurs. Les prod' peuvent toujours proposer des blockbusters bas de gamme, qui se ressemblent tous, mais c'est le public qui choisit d'aller au cinéma. On nous propose de la merde, et on la mange, alors pourquoi s'embêter à faire quelque chose de mieux? Le réalisateur de "Terminator Genisys" l'avoue lui-même (http://www.ecranlarge.com/films/news/942124-le-realisateur-de-terminator-genisys-admet-que-son-film-n-a-aucun-sens): à partir du moment où il y a de l'action, toute trame scénaristique est inutile.
Même si comme beaucoup, je vais au cinéma pour me détendre, et que j'aime les films divertissants, j'aime surtout être transporter par une histoire, surpris par des rebondissements inattendus, pas seulement collé à mon siège par des scènes d'actions spectaculaires. Aujourd'hui, c'est pourtant ce qui prédomine: les histoires se ressemblent toutes, on cherche juste à être original pour les scènes d'actions. Et les producteurs y trouvent leur compte, à partir du moment où ils trouvent un filon, ils l'exploitent jusqu'au bout. Et ça marche, alors pourquoi proposer autre chose?
2016 en est le parfait exemple avec un nombre important de suites, reboots, cross-overs, remakes, préquels, adaptations de comics, jeux-vidéos... (Batman Vs Superman, Deadpool, Suicide Squad, Assassin's Creed, Gambit, X-Men Apocalypse, Ninja Turtles 2, Captain America 3, Tarzan, Le Livre De La Jungle, Independance Day 2, Transformers 5...). Niveau originalité, on a vu mieux. Sans oublier qu'à la fin de l'année, nous aurons droit à un spin-off de "Star Wars" et en 2017, la franchise "Spider-Man" recommencera dès le début pour la troisième fois en 15 ans!
Ces blockbusters sont LES films attendus chaque année, survendus, surmédiatisés, ils sont pourtant de plus en plus décevants. Ils se ressemblent déjà beaucoup entre eux, mais maintenant, au sein d'une même franchise, ils sont identiques! Et pourtant, le succès est là! Nous sommes pris pour des cons, et ce n'est malheureusement pas près de changer.
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